Par Lahcen Isaac Hammouch
Mohamed Shanin, imam de la mosquée de la rue Saluzzo à Turin, fait l’objet d’un décret d’expulsion vers l’Égypte signé par le ministère italien de l’intérieur à la fin du mois de novembre deux mille vingt cinq. L’homme de quarante six ans, installé en Italie depuis plus de vingt ans et père de deux enfants nés à Turin, a été interpellé à son domicile le lundi vingt quatre novembre avant d’être transféré au centre de rétention de Caltanissetta. Ses avocats ont annoncé qu’ils déposeraient une demande d’asile au début du mois de décembre.
La procédure a été déclenchée à la suite d’une intervention publique de Shanin lors d’une manifestation tenue le samedi vingt deux novembre sur la piazza Castello à Turin, organisée pour célébrer un cessez le feu à Gaza. Durant son discours au mégaphone, il a déclaré que les attaques du sept octobre ne constituaient pas, selon ses termes, un acte de violence. Ses propos ont provoqué une réaction politique immédiate. La députée Augusta Montaruli, du parti Fratelli d’Italia, a demandé son expulsion, à laquelle le ministre de l’intérieur Matteo Piantedosi a donné suite en signant un décret de renvoi immédiat.
Depuis son placement en rétention, des rassemblements se tiennent quotidiennement à Turin. Dès le mardi vingt cinq novembre, plusieurs habitants du quartier de San Salvario, où Shanin exerce depuis des années, ont organisé des sit in devant la préfecture. Ils rappellent son implication dans des activités locales, notamment des projets de dialogue interreligieux et des actions de prévention dans les zones touchées par les trafics. Ses soutiens affirment également qu’un renvoi en Égypte l’exposerait à des risques importants. L’imam a déclaré devant la cour d’appel de Turin, le vingt huit novembre, qu’il craignait une arrestation et des mauvais traitements dans son pays d’origine.
Du côté des autorités italiennes, cette affaire s’inscrit dans une politique de contrôle renforcé mise en œuvre au cours de l’année deux mille vingt cinq. Le gouvernement affirme avoir intensifié les vérifications dans certains lieux de culte et multiplié les fermetures administratives visant des structures associées à des prédicateurs ou courants islamistes radicaux. Selon les services de renseignement, plusieurs groupes ou individus isolés tenteraient de tirer parti des tensions internationales pour diffuser des messages contraires aux lois italiennes.
Parallèlement, plusieurs pays européens signalent une hausse importante des actes antisémites depuis deux mille vingt trois. En France, plus d’un millier d’incidents ont été enregistrés en douze mois. En Allemagne, l’augmentation dépasse deux cents pour cent. En Belgique, le nombre de signalements a doublé. En Italie, les autorités observent une progression notable, notamment concernant des menaces et des messages diffusés en ligne. Dans l’ensemble de l’Union européenne, l’antisémitisme est qualifié de délit et fait l’objet de poursuites.
Le recours introduit par Mohamed Shanin contre son expulsion doit être examiné dans les prochains jours par la justice italienne. La décision déterminera s’il sera renvoyé en Égypte ou autorisé à rester en Italie durant l’instruction de sa demande d’asile. Ce dossier continue de faire l’objet d’une attention importante en raison de ses dimensions sécuritaires, juridiques et communautaires.







